Le magazine de l'office de tourisme de Nantes métropole
BENOIT RONDOT EST UN COLLECTIONNEUR DANS L'ÂME, AVEC UNE PARTICULIÈRE PRÉDILECTION POUR LES CATALOGUES DE MÉCANIQUE, D'OBJETS USUELS, DE CIRCUITS ELECTRIQUES ET DE TOUS LES OBJETS NÉS DE L'INDUSTRIE, ET DANS LESQUELS IL TROUVE UNE POESIE QUI L'ENCHANTE ET QUI L'INSPIRE.
Benoît Rondot, note Yves Aumont dans Ouest- France, est immergé dans un espace dont il est à la fois rouage, chef mécanicien et entomologiste. Dans ce Laboratoire, qui tient autant du cabinet de curiosités que de l'atelier d'artiste, il range, classe, transmute, aligne les signes comme d'autres épinglent les insectes. Il dessine des formes bacilles, pénètre au cœur de la machine, du circuit imprimé et revient à la surface du tableau avec un geste, une couleur, une lumière, une manière qui détourne l'objet de sa fonction première, le précipité dans un autre champ magnétique››.
«Dialogue sériel entre l'aboutissement d'une forme obtenue par une technique, ou bien résultant de sa propre imagination, le peintre provoque ainsi, par cette dualité, un sentiment d'étrange et de ludique chez le spectateur››, note un critique de Presse-Océan. Sentiment qui se confirme au-delà des modules, par des tableaux où il décline des séries d'outils, d'objets, des mécanismes, des engrenages. Les murs affichent alors des rouages de montres, des nourrices de gaz, des coffrets de compas. des détails d'une moissonneuse-batteuse, des écrans de navigation, des pièces de machine à écrire, une poulie d'entraînement aussi bien qu'un bazar, clin d'œil aux petites boutiques abritant boutons, bigoudis. éponges, billes ou pierre ponce. ››
Quant à Christophe Cesbron, il reconnaît, aux œuvres de Rondot, « quelque chose de cosmique 1 une géographie qui prend ses origines dans l'espace du quotidien [les pneus de bicyclette, les mécaniques domestiques, les machines à écrire, les antennes, les plans routiers...] pour s'inscrire et décoller vers un autre espace, celui du ciel, celui de la peinture. Les empreintes qu'il saisit du monde réel se multiplient et tournoient, devenant les signes et les modules d'un codex coloré, d'une écriture spatiale, d'une géographiepoétique... ›› Dans son « Carnet de notes ›› du bulletin des Amis du Musée des Beaux-Arts de Nantes, François Fixot va même plus loin : « L'œuvre de Benoît Rondot nous. ramène aux termes d'une interrogation, d'une recherche qui nous concerne tous : quel est notre héritage, que devons-nous au passé, de quels choix est fait notre présent? À travers ce questionnement, nous sommes invités à « reconstruire ›› ce qui fait notre identité, ce qui fait les fondements de nos goûts et de nos aversions, mais aussi ce qui fait que nous sommes au monde actuel. Benoît Rondot a sans doute intuitivement compris l'importance de la notion d'authenticité dans un monde changeant et sujet à la versatilité des modes, c'est ce qui l'éloigne du passéisme et fait de lui un artiste tout simplement contemporain. ››
Artiste salué en poète par Pierre Giquel : «… les mondes chers à l'artiste. Épinglés à l'aide de pinces ou posés, des timbres, des jouets, des mouches à pêche, des ballons, des mésanges... expriment ce goût des objets parfois oubliés, échappés au quotidien ou surgis de l'enfance, objets banals et chargés d'histoire à la fois. Un poème visible. ›› Une valeur poétique qui n'échappe pas, dans Nantes Poche, à Éliane Foucher ; « Des boîtes de compas, des klaxons des premières automobiles traités avec le même talent son l'expression même de la réalité transfigurée, porteuse de valeur poétique. L'artiste ne s'arrête pas là. Il emploie des techniques fort différentes sur des types de papier varié, généralement marouflé ensuite.»